Prague nargue. Du haut de ses collines, l’une pour les amoureux badinant au parc, l’autre pour les forcenés qui viennent, chancelant, défier l’imposant château, elle nargue le touriste. En son centre, chaque bâtiment, chaque façade est somptueusement décorée, travaillée, soignée, de couleurs vives sans choquer l’œil, et cet ensemble festif s’aligne pour former une perspective harmonieuse à chaque coin de rue.
De ses toitures élancées en fine ardoise couleur aile-de-corbeau à ses toits droits et fiers soulignés par quelques œil-de-bœufs, de ses lourds pavés indestructibles à ses interminables escaliers, paisiblement, cette ville contemple le passant tout en le contentant.
Malgré le flamboyant passé baroque de cette cité, quelques constructions semblent appeler à plus de sobriété, pour adopter un air plus sérieux: ci et là on trouve un immeuble droit, gris et quasiment aveugle, qui parait plus vieux que les excentriques façades. Un reste d’une Europe coupée en deux, où chacun veut laisser sa marque, là le béton, là l’acier.
Sur le cours large et tranquille de la Vltava se jette le pont Charles, dont les piles sont gardées par des figures de bronze, deux arrogantes portes, et une constante armée de touristes de tout horizons qui viennent fouler ce célèbre passage, repaire des dessinateurs de portraits-minute le jour, et figure emblématique d’une ambiance gothique romantique la nuit ou lorsque que le brouillard couvre le fleuve.
Signalés par une nuée de guêpes et une odeur appétissante, on trouve des petits stands où tournent des rouleaux de pâte au dessus d’un feu de bois. Ces pâtisseries nommées Trdelnik se mangent saupoudrées de sucre, en rondelles ou en cylindre de 10cm de long. A ne pas manquer.
À Prague, comme partout ailleurs en République Tchèque je suppose, la marque Pislner Urquell semble être une divinité des bars et restaurants. On vante les mérites de la mousse des bières praguoises, si dense qu’une allumette peut y tenir debout. Les Kozel viennent pour le test: Les brunes se montrent à la hauteur, et l’on doit admettre qu’ ici, même les bières blondes, d’habitudes si fade, montrent au palais plusieurs goûts agréables, jusqu’à finir sur une note noisette. Les praguois en sont d’ailleurs si fiers, qu’il est d’usage au bar ou au restaurant de remplacer les verres vides des clients, sans attendre le moindre geste de leurs parts. Dans une tiède soirée d’été, on se laisserai bien faire…
Accueillante et splendide, Prague nargue, mais avec talent.