10 ans ! Il fallait bien que nous fassions quelque chose pour fêter cette décennie passée aux côtés l’un de l’autre. En janvier, le Lezart a la bonne idée de dire qu’il faudrait que l’on parte en voyage à l’étranger. C’est vrai que depuis Barcelone avec l’achat de la maison, il n’a pas quitté le sol de France, alors que Castor a ce luxe grâce aux voyages scolaires qu’elle a accompagné. L’éducation nationale offre le pont de l’Ascension, 7 jours après la date de notre anniversaire officiel, on se décide donc pour ces jours là. Nous avons envisagé de nombreuses destinations (refaire Londres ou Dublin, découvrir Edimbourg). Puis finalement, au vu de notre budget et du capital temps pas si grand dont nous disposons, on se décide pour Milan, très accessible depuis Dijon en train ou en bus.
Finalement nous avons opté pour le bus, après des hésitations et tergiversations diverses.
Nous testerons donc Eurolines, nous qui avons plutôt l’habitude de voyager avec Flixbus quand on monte sur Paris ou quand nous étions allés à Barcelone.
On décolle de notre petite maison de campagne, et on gare notre voiture dans la périphérie de Dijon. Nous rejoignons la gare de Dijon avec une avance confortable, grâce aux bus de la ville. C’était cependant le dernier bus et nous n’aurions pas pu arriver plus tard.
En gare de Dijon cela se corse : le bus est annoncé à 21h15 alors que sur nos billets il est annoncé à 21h40. On essaie de se renseigner en gare mais bien évidement à ces heures, il n’y a plus personne aux guichets. L’application Eurolines est pourrie : quand on rentre nos billets elle bug, sur le site pas moyen de localiser notre bus. 21h15 passe, le bus disparaît des affichages numériques en gare et on commence à pas mal stresser.
Le Lezart finit par appeler le numéro d’assistance d’urgence pour savoir si le bus existe et s’il passe. Visiblement oui, à 21h40, et pas de retard annoncé.
Le bal des bus verts Flixbus s’enchaîne, les gens vont et viennent sur le quai. La gare, c’est pas hyper bien fréquenté à cette heure.
21h40 passe, pas de bus…. Et on a en plus l’air d’être les seuls à partir en Italie. Les autres voyageurs parlent d’autres destinations. On attend…. Encore et toujours. A 22h10, Castor n’en pouvant plus de ne pas vraiment savoir finit par rappeler le service d’assistance qui lui dit que le bus passe bien mais qu’il a eu du retard dans les embouteillages en quittant Paris et qu’il ne sera là que « dans 13 minutes »
Une vingtaine de minutes plus tard, le bus arrive. Les chauffeurs les moins aimables du monde. Une catastrophe. En terme de conduite également.
On a cru mourir dans un accident un certain nombre de fois. Ils ne font aucune pause, n’annoncent les arrêts qu’au moment de l’arrêt, une seul fois, et de manière incompréhensible.
On finit par arriver à la gare routière de Lampugnano à Milan, à l’heure prévue malgré le retard au départ de Dijon.
On est vraiment pas fâchés d’être arrivés. Il fait un temps très agréable.
Nous ne pouvons prendre possession de notre logement qu’à 11h15 et il est 8h. Notre logement se situe dans le quartier de la gare Centrale de Milan, ce qui n’est pas du tout dans le même coin que la gare routière. Nous avions donc décidé de faire à pied le trajet entre ces deux points, en faisant un « détour » par le centre ville afin de commencer à découvrir la ville.
On descend donc jusqu’au parc du Castello Sforzeco, à pied. On traverse divers quartiers de Milan, dont les quartiers des affaires en construction (City Life, le nouveau coeur économique de la ville avec les immeubles des assurances) . Nos premières réflexions, c’est que c’est hyper propre et classe, et qu’il y a beaucoup d’arbres dans cette ville. On déambule à bonne allure, mais arrivés au Castello Sforzeco, le sac commence à peser lourd, l’heure passe, et l’on décide que l’on va finir en métro.
On prend donc des billets de métro à l’arrêt Moscova sur la ligne 2. Des billets 48h. Ce qui est plutôt chouette c’est que ce sont vraiment des billets 48H, valables pour cette durée à partir de la première validation. On se dit qu’en se débrouillant bien on pourra n’avoir besoin que des deux billets de retour vers la gare routière le samedi si on décolle pas trop tard le samedi matin.
Il est 9h30 et l’on remonte vers le quartier du logement.
On va se poser dans une adresse donnée par notre hôte pour prendre le petit déjeuner en attendant de pouvoir entrer dans le logement.
Le petit restaurant, appelé « Ratatouille » est vraiment au pied de notre location.
On se prend un premier jet de petit déjeuner, avec une certaine appréhension : l’intoxication alimentaire de Barcelone est bien présente dans nos esprits et même sans cela, la nourriture ne nous a vraiment pas laissé de souvenirs exceptionnels, en particulier les viennoiseries.
Oh comme nous avions tort de nous inquiéter : on prend d’abord un cappuccino au thé matcha (Castor) et un café macchiato (Lezart) ainsi qu’un croissant au beurre de cacahuète chacun, un croissant à la confiture de framboise pour Castor et et un croissant aux céréales pour le Lezart. C’est tellement BON ! C’est les meilleurs croissants que l’on ai mangé depuis…. Des années. Bien loin des croissants fades et pas bons des boulangeries de notre coin. On se reprend une part de gâteau et un cappuccino traditionnel chacun. Si vous voulez en savoir plus sur nos aventures gastronomiques à Milan, lisez l’article dédié ici.
On va patienter un petit peu dans le parc à côté puis on peut enfin découvrir notre logement.
Il s’agit d’un petit studio très propre et très bien agencé, c’est vraiment agréable.
Nous déposons le sac à dos qui pèse son poids et on ne garde que le sac en bandoulière avec l’appareil photo.
Direction le musée des sciences et techniques Léonardo da Vinci.
L’objectif de la journée c’était une journée « à thème » Da Vinci : le musée des sciences et la fresque de la Cène.
Bon, à première vue on s’est un peu fait avoir sur l’intitulé du musée : c’est en effet un musée des sciences et techniques, assez semblable au Musée national des Arts et Métiers que nous avons visité à Paris en novembre, mais la partie sur Léonardo Da Vinci est assez réduite en fait. Et elle l’est d’autant plus qu’une expo dédiée est en « construction », que plusieurs choses ne sont donc pas visibles et que par ailleurs il semble que des oeuvres aient été prêtées à d’autres musées pour leurs propres expositions pour le 500è anniversaire de la mort du peintre.
Moralité, on visite un musée des sciences assez intéressant mais totalement fucked-up dans son organisation : on passe d’un thème à l’autre sans avoir terminé le thème précédent, il y a de grands espaces « vides », on ne sait jamais si on prend les parties dans le bon sens (et parfois ce n’est pas le cas du tout), les « activités » à but éducatif ne sont pas très compréhensibles. Il y a malgré tout des choses très intéressantes, en particulier toute la reconstitution sur la fonderie et le laminage, ainsi que tout ce qui concerne la Révolution industrielle en Italie.
Le bâtiment, en particulier la cour intérieure, est vraiment joli.
Point intéressant : pour tout ce qu’il y a dans ce musée, et nous n’avons visiblement pas tout fait (on s’en est rendu compte plus tard malgré le temps que nous y avons passé !), le prix n’est vraiment pas cher.
C’est très tourné vers les enfants, mais rien n’est traduit en français. Il faut donc maîtriser l’anglais ou l’italien si vous visitez avec des enfants sans prendre les audioguides.
C’est donc un peu mitigés que nous quittons ce musée, très agréablement surpris de la quantité de choses présentée mais un peu déçu du « si peu » sur Léonard.
On sort du musée et l’on va vers l’église Santa Maria Della Grazie. Milan est une très belle ville, mais les quartiers par lesquels nous passons entre le musée et l’église sont magnifiques : façade très ouvragées et magnifiquement décorées, beaucoup de verdure et d’arbres âgés de plusieurs décennies dans les très nombreuses cours intérieures aux grilles ouvragées que nous pouvons apercevoir. Et c’est très propre. On se fait la réflexion que l’on ne peut pas en dire autant de Paris. Nous nous rendrons compte plus tard que les habitants et commerçants nettoient très régulièrement leur bout de trottoir, même quand il n’y a que 3 feuilles d’arbre au sol.
On visite l’église Santa Maria Della Grazie, de l’extérieur est assez surprenante pour des français comme nous, très habitués aux églises en pierre. Visiblement, le style lombard repose beaucoup sur l’usage de la brique. Cela a un côté Nord de la France que l’on ne pensait pas forcément retrouver ici. L’architecture est jolie, de belles voûtes et surtout une église dont l’intérieur est encore peint aux couleurs et emblèmes des Sforza.
Notre seul petit point, c’est qu’après avoir visité la basilique Saint Pierre de Rome il y a 6 ans, les coupoles vues depuis nous paraissent un peu ridicule et nous nous en excusons auprès de Bramante qui a réalisé celle-ci. Mais quand même, ça ne vaut pas Michel-Ange (cela nous a fait le même effet entre les arènes de Nîmes et le Colisée il y a deux ans).
Ceci dit, c’est une très belle église, très agréable à visiter.
Ensuite, nous avons réservé des billets pour visiter le monastère attenant où Ludovico Sforza à demandé à Léonard de Vinci de décorer le réfectoire.
Avoir des billets pour voir la Cène de Léonard, c’est un peu la mission : d’une part les groupes sont limités à 15 personnes, pour une visite de 15 minutes et du coup il faut réserver sur internet ou par téléphone. Quand nous nous sommes présentés au guichet pour retirer les places, il était écrit sur de nombreux panneaux que la visite est complète pour les 15 jours à venir.
On peut donc avoir le privilège de visiter « l’idée de merde de Léonard ». On s’explique : la peinture est réalisée à la détrempe plutôt que la technique de la fresque. La détrempe permet les retouches mais le soucis c’est que cela rend la peinture extrêmement fragile et son accroche sur le matériau de base très incertaine. La cène est en rénovation permanente depuis sa création pour éviter que le tableau ne soit perdu. Les bombardements de Milan en 1943 ont exposé le mur aux éléments en détruisant totalement le toit et un pan de mur, ce qui n’a rien arrangé au vieillissement du tableau.
Ce qui est particulièrement choquant, c’est que l’oeuvre du mur en face, réalisée selon la technique de la fresque exactement au même moment, est dans un état quasi impeccable alors qu’elle a subi les mêmes outrages.
Pour résumer la Cène, fortement dégradée, attire bien plus que l’oeuvre qui lui fait face. Les visiteurs passent à côté en la regardant à peine. Gloire et décadence.
Les visiteurs d’ailleurs, parlons-en : à peine entrés dans le réfectoire, c’est une forêt d’ipads et de téléphones qui s’empressent de prendre « leur » photo du tableau.
On peut ensuite aller voir dans une petite pièce des photos de l’état de l’oeuvre à divers moment de sa restauration et constater que, malgré le fait qu’elle nous semblait déjà fort dégradée, elle l’a été bien plus et que le travail des restaurateurs permet tout de même une amélioration certaine.
La visite est assez chère pour les 15 minutes passée sur place, mais l’on se doute que le prix de l’entrée est utilisé pour financer les restaurations mais également tout le système de climatisation et conservation de l’oeuvre.
Nous allons ensuite à pied jusqu’à la Basilique Saint Ambroise de Milan. Le quartier de la Basilique est en travaux, ce qui donne un petit côté « entre tradition et modernité » à l’ensemble.
Le bâtiment est également en style lombard, mais ce qui est le plus surprenant c’est qu’il nous fait un effet très byzantin dans sa construction et sa décoration. Particularité italienne : il y a une cour fermée juste devant l’église, avec un cloître.
Il y a entreposé là, 3 cadavres de martyrs dans la crypte, Ambroise, Gervais et Protais. ( On ne dit pas cadavre, on dit « reliques ». Cadavre c’est quand c’est un pauvre).
Après cette visite, nous nous dirigeons après moult détours et erreurs de direction vers les colonnes San Lorenzo.
Cela semble être le point de rendez-vous de la jeunesse Milanaise avant d’aller boire un coup. Les colonnes sont assez imposantes mais nous sommes plus marqués par le nombre de personnes qui sont assises à leurs pieds, une bière à la main. Ce n’est pas très fréquenté par les touristes.
On se promène dans le quartier, vers la porte Ticinese, en se faisant la réflexion qu’il n’y a pas grand monde. On jette un oeil aux façades des boutiques puis on fait une halte pour se prendre un jus de fruit car on commence à avoir un peu faim mais il est un peu tôt pour l’apéritivo. Nous avions bien envie d’une bière mais faute de savoir laquelle demander, on se rabat sur des jus de chez Frankies délicieux et rafraichissants qui nous font du bien (plus d’infos ici).
On hésite à manger dans le centre ville mais nous avons également besoin de faire quelques courses pour le petit déjeuner du lendemain et le repas du soir du lendemain également, que nous avons décidé de prendre au studio pour faire quelques économies sur le poste « repas », toujours le plus élevé de nos voyages.
Nous reprenons donc le Tramway (qui a un côté totalement vintage avec son look des années 1950 pour certains trains) en direction du Duomo, que nous ne faisons qu’entrapercevoir. C’est prévu pour plus tard ! Puis le métro en direction de la gare.
Nous traversons puis faisons nos courses dans des quartiers moins favorisés de Milan mais c’est toujours aussi propre et malgré une pauvreté plus présente, cela ne nous fait pas du tout le même effet que les quartiers d’autres villes que nous avons pu visiter.
On fait le plein de courses chez PAM, on rentre ranger tout cela à l’appartement puis on s’en va manger au Mattone Rosso, recommandé par notre hôte. On se prend 2 pizzas et une bouteille de chianti pour repas. Les pizzas sont bonnes, la pâte est fine et franchement ce n’est pas cher du tout ! A la fin du repas, le serveur nous offre un limoncello chacun. C’est très chouette !
On rentre à l’appartement, fourbus, Castor a les pieds en compote et plein d’ampoules à cause de ses chaussures.
On s’effondre de fatigue, la nuit dans le bus a tout de même été plutôt mauvaise.
Bilan du jour :
Environ 28 806 pas soit 19,77km à pied.
Très sympa ce récit de voyage.
Génial d’avoir pu voir la Cène !