Les Mégalithes de Saint Just.
Nous arrivons sur les lieux à quasiment 21h30. Le crépuscule orangé baigne la lande. Le paysage est onirique. Le site est aménagé, certes, et l’on voit bien tracés au sol le chemin de bois qui déambule entre les bruyères et nous amène près des « points d’intérêt ».
Mais…. Nous sommes seuls sur le chemin. Seuls sur le lieu. Personne d’autre que nous à ce moment ne déambule là. On découvre dans le jour qui s’éteint ces mégalithes dressés souvent, tombés parfois. S’interrogeant sur les raisons qui poussèrent nos ancêtres à dresser là des pierres qu’ils ont parfois fait venir « de loin » au regard de leurs capacités à déplacer des charges si lourdes.
Quel sens pour ces monuments ? A qui rendent-ils hommages, qu’indiquent-ils, que prouvent-ils ?
Il y a dans l’air une odeur de miel et de pain d’épice. D’herbe grillée par le sec soleil de ces derniers jours. On laisse trainer nos doigts dans les végétaux, on parcourt les veines des roches… La luminosité surnaturelle, presque fantastique et le sentiment mystique que dégagent ces lieux laissent des sentiments et souvenirs indicibles. Les mots trahiraient la mémoire et les sens.
Les images en disent un peu, mais manqueront les sons, les grillons et le vent, et ces odeurs magiques…. « ça sent le pain d’épice…. Ça sent le pain d’épice…. »
Retour au parking désert, notre campement pour la nuit. La moissonneuse batteuse résonnera toute la nuit….
Le lendemain il pleut et vente. Un temps gris qui donne au site un autre rendu. Les roches s’accordent à la palette du ciel, granit anthracite de bas en haut. On s’aventure plus loin en bravant les averses, à la découverte d’autres sites. De tumulus reconstitués et d’un tribunal de pierre siégeant là pour l’éternité. Des bribes d’interprétations archéologiques pour ces espaces dont on sait peu.
On croise quelques promeneurs, plus nombreux que la veille malgré le temps. Quelques personnes qui comment nous semblent aimer à se perdre dans le temps, savourant l’apaisement que procure le lieu, apaisement embrun d’humidité ….
On avance le temps. Physiquement. Le centre bourg abrite un centre d’interprétation avec exposition, et le chemin qui y mène matérialise une frise chronologique qui part des mégalithes jusqu’au centre d’interprétation (sa construction). Face au vent, on avance donc, direction la civilisation humaine et ce qu’elle peut comprendre de sa propre histoire et d’un peuple qui n’a pas laissé de traces écrites. Que comprendre alors de cette époque quand les récits qui en furent faits ne sont faits que par les ennemis de ces peuples ou des commentateurs lointains en temps ou en espace. L’archéologie joue pleinement son rôle de fournisseur d’hypothèses que chaque découverte peut faire choir, comme une pyramide de cartes. L’histoire en mouvement donc, sur des bases qui bougent et dansent.
De retour à Redon pour quelques emplettes et nous prenons la route vers Mouais, dernière destination. Proche de Nantes, nous passerons la soirée sous la yourte en belle compagnie, à refaire le monde et plus encore. A boire des Coreff, à causer permaculture, révolte et état du monde. Un bout de passé. Merci So’ et Louisiane pour la halte et l’accueil….
Et le lendemain de repartir pour rejoindre Marseille avant un retour dans notre belle Bourgogne.
Pour les papilles : le Tiskin et la Coreff au Rhum